J'aurais bien voulu vous avouer que je ne suis pas celui que je suis. Orphelin Argentin tombé du ciel, aux maux croisés. Tout n'est qu'un jeu. Tout ce que j'aurais voulu être. Un rêve où l'on ne se réveille pas, et une nouvelle vie. Dans l'arène, les jeux sont faits. Cette fois-ci je n'oublierais pas. Vous le savez très bien. Plus que la raison qui me fait entendre que je l'ai, la chance ne peut voler sans son tapis que je t'offrirais. Ils ne méritent pas ça, ces autres, il ne mérite pas ça ce grand homme malade, ce bonhomme au coeur fragile. J'aurais aimé le guérir, j'aurais aimé le prévenir. Mais j'ai plongé la tête la première dans les étoiles, dans cette étoile qui a su me faire chavirer sans espoir de pouvoir remonter à la surface. Et une seule passion avant de mourir: ne plus attérir.
Celui qui vole me dit de courir, celui qui court me dit de le suivre. Et moi aussi, de mon nuage je verrais un jour tous ces gens courir par ce que ciel leur aura demandé. Tous ces points lumineux ici bas sur terre, sont des astres pour ceux qui vivent en l'air, pour ceux qui s'envoient en l'air. Même si tout n'est jamais comme on le pense, tout porte à croire que ça le sera.
Mais pendant ce temps je continue à écrire mon histoire, nos histoires, les votres et les leurs. Rien qu'une bande d'amis, rien que des textes et toujours une fille cachée dans mon esprit. C'est une boîte noire perdue je ne sais où entre deux continents, entre deux océans. Des villes, des déserts, des plaines, des collines, des montagnes je vois tout d'ici. Je vois mêmes les gens, ceux qui ont tendance à peser leurs problèmes, à les croire trop lourds, quand d'autres ne les mesurent pas, et se laissent souffrir. Une fois de plus, tout n'est qu'improvisation sur des dalles mals posées. Une fois encore je n'arrive pas à m'exprimer croyant que mon psy va m'aider. Je suis le seul à savoir. Je n'ai pas besoin de tous ces artifices, d'ailleurs vous aussi. Une fois de trop je suis tombé avec la nuit. Et l'histoire continue sans que personne ne puisse l'arrêter. On arrête pas les gens m'a dit un homme une fois, laissons les partir et ils verront bien qu'un jour les seules choses qui comptent à leurs yeux sont celles qui les ont façonnées. Un être manque toujours après tant de jours, et on réalise que c'est dans nos bras qu'on voudrait qu'il soit. Faites ce que vous voulez de vos vies, allez où vous voullez je ne vous oublierais pas. Mort il y'a 18 ans de cela, je retourne au ciel pour mieux comprendre ce qu'animent tous ces hommes. Ce qui fait tourner la terre et fondre les coeurs. Non sans peur j'irais droit au but, sans peur je l'aime. Bref, l'histoire continue.
" Il aurait pu lutter encore, tenter sa chance: il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure: vient une minute où l'on se découvre vulnérable; alors les fautes vous attirent comme un vertige.
Et c'est à cette minute que luirent sur sa tête, dans une déchirure de la tempête, comme un appât mortel au fond d'une nasse, quelques étoiles.
Il jugea bien que c'était un piège: on voit trois étoiles dans un trou, on monte vers elles, ensuite on ne peut plus descendre, on reste là à mordre les étoiles...
Mais sa faim de lumière était telle qui monta."
Antoine de Saint Exupéry, Vol de Nuit
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